Thursday, December 04, 2008

Ciclop Paris - Echange de pratiques d'animateurs d'ateliers d'écriture

Sophrologie et lettre A.


Arrivés ce matin tôt à République.
Attrape ta fatigue, allume la flamme en toi. Au signal, tout tourne rond dans ton corps, dans la cour, le quartier.
Arrimé au sol, ta marche redevient le karaté, instinctivement. Allure et souffle tirent ton esprit v ers le ciel poudré de nuages. Abrité dans ces beaux bâtiments, si on retrouvait la houle de Bretagne, les sommets de l’Himalaya, le flot terreux de la rivière Colorado, le métal de New-York, le sourire fait femme de Paris.
« A » est notre figure du moment, bras et jambes plantés dans la viscérale beauté du monde .


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Tu habites la cathédrale du monde.
Oui, c’est ça … Ta tête abrite une cathédrale, riche à profusion. Ici, pas de purs croyants, mais des esprits.
Borges, c’était la bibliothèque. Toi, c’est d’abord ce parvis verdoyant, riche en fontaines, en arbres de toutes tailles et espèces.
Puis tu entres par un porche sculpté dans un patio tout en pierres de taille, où des oiseaux chamarrés t’accueillent de leurs interjections.
Par un second porche, tu aboutis à un cloître de belles proportions, intimement relié au flot qui chante en bas de la falaise, s’y mirant comme en une abysse.
Si tu reviens sur tes pas, tu peux pénétrer par la grande porte dans l’ouvrage proprement dit. Homme-mouche, souvent, tu restes pétrifié par l’étendue et le volume qui s’offrent à toi.Par une large béance, ciel et nuages dessinent leurs dentelles, allégeant continument la masse de pierres et de boiseries vers laquelle tu avances maintenant. Et tu penses, comme souvent : « Jardinier, jardinier, petit jardinier du futur suspendu, je rêve de mes dix doigts que je laboure l’avenir du monde », comptine inventée par une vieille nounou, tandis que tu progresses vers le chœur en marbre gris clair, moiré de vert d’eau et de beige forestier.

Cet ouvrage, tu l’as tant rêvé que tu penses y déambuler à loisir, y suspendre ton pas, le reprendre plus tard. Tu as même essayé d’y inviter tel ami ou amie. Mais l’orientation y devient difficile, car à deux, les repères se brouillent. Seuls peuvent vraiment t’y accompagner ceux et celles qui s’abandonnent à ton rêve, dans la confiance massive et chaleureuse de l’amitié. Suspendus à ton bras, yeux mi-clos, ils t’écoutent jardiner le monde, peaufiner le palais de tes inusables splendeurs. A ton bras, ils arpentent en confiance des allées introuvables. , bordées de myriades insensées de plantes, d’animaux, de vestiges. Ils y retrouvent leur enfance, telle petite chaise, telle peluche, tel ami disparu. Puis ensemble, en bon compagnon de route et de rêve, vous décidez de rentrer doucement, de quitter temporairement ce lieu proche et lointain.


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Tu retrouves ta marche tranquille le long de la Seine, à rebours du courant. Paris défile, de Bastille à Ivry. Fredonnant dans ta tête un air de Miles ou de Chet, tu vois arriver au loin les doux contreforts de verdure de Sénart. Tu n’as pas réalisé que maintenant, tu roules gentiment, que tu as mis en route cet air de jazz.
Arrivée à la maison, et les tiens que tu n’avais pas quittés…


Noël – Novembre 2008 – Conférence du Ciclop

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